LE PARCOURS DU DOCTEUR BUKABAU BUSANGA Justine, première femme néphrologue en République démocratique du Congo.
Mon désir a toujours été de soigner les malades et après l’obtention de mon diplôme de Docteur en Médecine, Chirurgie et Accouchement, j’ai été engagée à l’hôpital Mama YEMO à Kinshasa (capitale de la République Démocratique du Congo) en 1991 où j’ai été retenue au Département de Médecine Interne puis ensuite recommandé en spécialisation aux Cliniques Universitaires de Kinshasa (CUK).
Pendant ma formation en médecine interne aux CUK, j’étais rapidement attirée par l’esprit de travail du service de Néphrologie sous l’impulsion du Professeur Nazaire NSEKA, Chef de service de néphrologie qui était quasi permanent au service. Les dossiers des patients étaient tenus avec beaucoup de rigueur, les tours des salles assis et debout étaient réguliers. Les tours des salles de néphrologie du jeudi étaient sacrés (« le jeudi saint ») et le DRETEP (méthode pédagogique de prise en charge du patient en néphrologie) était une spécificité du service. Le patient était le centre d’intérêt et la priorité du service. L’esprit d’équipe surplombait toutes les activités du service, la communication avec les patients était encouragée. Le climat de travail était agréable suscitant des vocations parmi les jeunes médecins du Département. Sans effort, j’ai décidé naturellement de travailler avec le Professeur NSEKA, ce maître régulier, rigoureux, passionné de la néphrologie et perfectionniste. Mon mémoire de spécialisation avait porté sur « la détection précoce de la maladie rénale en milieu scolaire de Kinshasa ». L’équipe des néphrologues adultes était constituée des hommes et une seule femme. Je n’avais jamais ressenti une différence quelconque entre moi et les hommes. Il n’y avait pas de stigmatisation ni discrimination dans toutes les activités du service. J’étais respectée par tous les néphrologues.
Ce parcours m’a également permis de défendre une thèse d’agrégation à l’Université de Kinshasa intitulé « validation des équations d’estimation du débit de filtration glomérulaire en Afrique subsaharienne et tendance évolutive de la maladie rénale chronique à Kinshasa » sous la direction des Professeurs Ernest SUMAILI et Pierre DELANAYE.
Je suis ravie de réaliser que ma présence en néphrologie a suscité des vocations parmi les femmes médecins du Département de Médecine Interne traduite par l’accroissement du nombre des femmes néphrologues passant de 1 à 8 dont Dr Marie Thérèse MULENGA, Dr Jeannine LUSE, Dr Chantal ZINGA, Dr Pitchouna MBOLIASA, Dr Marie-Noëlle WAMESO, Dr Clarysse NKONDI, Dr Sarah Nyangwile et Dr Mimie TSASA.
Ce parcours a été possible grâce à l’accompagnement de notre maître, le Professeur Nazaire NSEKA, des Professeurs Ernest SUMAILI et Pierre DELANAYE, promoteurs de ma thèse envers qui j’exprime ma profonde gratitude.
Nous encourageons les jeunes médecins à devenir néphrologues pour améliorer la santé rénale de la population congolaise.
Justine BUKABAU BUSANGA